La QVCT, La qualité de vie et les conditions de travail : ersatz et vraies solutions
par Carole Cebe · Publié · Mis à jour
C’est le thème que Vanessa a souhaité décrypter en ce début d’année.
Tout lien avec une surcharge intense de travail depuis des mois serait purement fortuit et fictif… surtout quand l’heure de l’annonce des objectifs annuels a sonné.
Les objectifs font partie intégrante de nos métiers respectifs, et nous les attendons aussi avec impatience pour connaître la mesure de la pression annuelle.
Comme le rythme d’une chanson, ils vont donner le « la », le tempo de l’année.
Mais sommes nous prêts ? Au-delà de la motivation que nous avons tous, l’énergie est-elle au rdv ?
Réponse qui pourrait nous être donnée : il faut garder le rythme des ambitions.
Même sans les moyens ?
Rappel :
Pour se sentir capables de faire face à des objectifs fixés, il faut plusieurs conditions :
- Avoir des objectifs atteignables car trop hauts, ils découragent, trop bas, ils créent l’ennui.
- Se sentir suffisamment confiant dans ses propres capacités et sentir que l’on peut compter sur de l’aide ou du soutien (moyens externes.)
Si ces paramètres ne sont pas réunis, il est difficile de se projeter sur une réalisation positive, et sans stress.
Si à cela d’autres facteurs de stress interagissent, le résultat peut se transformer en bombe à retardement.
Pour pallier ce type de situations, nous avons mémoire des initiatives, prises par notre ancien employeur, pour essayer de soulager les salariés de différents stress liés au changement :
- Le programme résilience et ses webinaires (confiance en soi, yoga, respiration),
- Les formations de demi-journées pour apprendre à faire face aux situations de changements, de conflits…
Mais quel est l’efficience de ces formations et initiatives « tendances » que nous voyons vu fleurir dans les entreprises de plus de 50 employés ?
Toutes ces initiatives font partie de la tendance QVT qui « sévit » depuis plusieurs années : mettre un pansement à une hémorragie.
Est-ce qu’un baby-foot ou une séance de yoga du rire va alléger durablement la charge mentale ?
A savoir : la prise de conscience de la nécessité de mettre en place des solutions pour le bien-être et la sécurité physique et mentale des salariés date d’un peu plus une dizaine d’années.
La QVT est répertoriée par l’Agence Nationale pour l’amélioration des Conditions de travail et s’articule autour de 6 dimensions :
- Relations au travail/climat social/ambiance
- Contenu du travail/Valeurs/Intérêts des missions
- Le sentiment d’implication, l’engagement
- Egalité professionnelle pour tous
- Compétence/Parcours professionnel
- Santé au travail
Certains axes fixés par l’Anact font d’ailleurs partie des Négociations Annuelles Obligatoires.
Depuis 2022, on ne parle plus de qualité de vie au travail mais de qualité de vie et de conditions de travail, afin d’appuyer sur la sécurité et la santé des salariés.
La santé dans son sens non seulement physique, mais également mental.
La santé mentale est un sujet encore largement tabou dans les entreprises. C’est pourtant un sujet majeur en société et entreprise, trop peu connu et appréhendé, alors que nous faisons face à une augmentation des troubles psychiques. C’est pour cette raison que le Ministère du Travail encourage depuis 2 ans les formations « secouristes en santé mentale », avec pour objectif de former 60 000 secouristes en santé mentale par an. (Association Premier Secours en Santé Mentale France).
La santé mentale, c’est également, l’épuisement professionnel qui est appelé dans sa forme extrême le burnout, terreur de tout salarié. Car depuis quelques années, nous avons bien compris que la ou le candidat à l’épuisement professionnel n’est plus un workaholic, fou de travail, sans équilibre vie pro ou vie perso. Mais plutôt comme nous chers amis : très engagé et solidaire de ses pairs, essayant de faire toujours au mieux, tout en subissant des pressions diverses, des changements incessants dans l’entreprise, et l’absentéisme de ceux qui ont malheureusement déjà craqués.
Selon les dernières enquêtes QVCT ( Qualisocial, Technologia) sur les données sur le stress, la détresse psychologique, et le burnout sont alarmants :
- 49 % des actifs déclarent être soumis à un stress élevé.
- 31 % déclarent cacher leurs émotions
- 12 % sont en burnout
Les populations les plus frappées :
- les femmes,
- les moins de 29 ans,
- les télétravailleurs,
- les managers.
C’est un sujet essentiel et une question que l’on peut se poser :
sommes nous responsables individuellement de notre bonheur ou bien-être au travail ?
Breaking News de janvier 2024: une étude très sérieuse vient de sortir sur la qualité de vie au travail.
Le Dr William J Fleming de l’université d’Oxford a publié le 10/01/2024 les résultats d’une étude qui porte sur 46 336 employés de 233 entreprises.
L’idée de départ :
- Mesurer les possibles effets positifs et améliorations à partir de programmes de :
- Méditation pleine conscience,
- Classes de résilience ou de gestion du stress,
- Application de bien être,
- Coaching bien être,
- Promotion du sommeil…
- Les résultats sont formels :
Tous les programmes mis en place n’ont eu aucun effet sur la charge mentale des salariés.
Ce qui suggère que seules des actions en faveur de conditions de travail au quotidien améliorent leur charge mentale des salariés.
Suffit-il de faire une pause « gestion du stress » à 15h pour faire redescendre la pression forte d’exigences irréalistes ?
Le déni n’est pas non plus une option : être soumis à un stress intense et entendre que « tout va bien » revient à dire que le problème n’est pas collectif mais individuel, ce qui génère au mieux une colère et un ras le bol, au pire des sentiments d’anxiété et de culpabilité.
Un peu comme ce refrain de la chanson d’Angel : « Pour y croire, il faudrait tout oublier, (….) Ce bonheur, si je le veux je l’aurais »
Et oui, le « spleen n’est pas à la mode », ce n’est pas vendeur.
Pourtant, l’usure est bien là, et je vous donne sans trop d’effort une recette pour garder des salariés fidèles, engagés, motivés et en bonne santé,
- Des objectifs clairs et stables.
- Des résultats observables en temps réels et compréhensibles sans avoir besoin de passer un doctorat en mathématiques.
- Des stats oui, mais de l’humain d’abord.
- La valorisation et la reconnaissance des efforts des salariés.
- Une communication sincère, pas juste des actions bonne conscience.
Nous méritons des moyens, du soutien pour que notre de qualité de vie au travail soit à la hauteur des efforts fournis.